Comme un malheur n’arrive, jamais, seul, les collecteurs privés dans plusieurs régions ont fermé leurs portes devant les agriculteurs. Ces derniers n’ont pu livrer leurs récoltes et ont dû attendre des journées et des nuits entières devant les centres privés de collecte. Les responsables de ces centres ont choisi un moment crucial pour déclencher ce mouvement et faire pression sur les autorités afin qu’elles cèdent à leurs exigences d’augmenter les marges bénéficiaires.
Pour les professionnels, les primes octroyées, actuellement, restent insatisfaisantes. Les gens de ce secteur auraient subi des pertes de près de 100 milliards de millimes surtout que les primes de collecte et de silotage ont été gelées durant la période 2008-2015. C’est ce qui aurait poussé certains à abandonner cette tâche, et ce, malgré les « légères » révisions introduites en 2016 et 2017.
Réviser la gestion de ces centres
Certes, la demande peut être considérée comme logique. Mais d’aucuns se demandent si la méthode choisie est la bonne. Fallait-il prendre les producteurs en otage et leur causer de lourdes pertes ? N’oublions pas que ces agriculteurs, eux aussi, ont des engagements et des échéances à honorer. De tels agissements leur causent de nombreux préjudices. Les machines, par exemple, qu’ils louent à l’heure ou à la journée leur reviendront plus cher avec ces contretemps indépendants de leur volonté.
De même, la main-d’œuvre engagée devra être payée plus que prévu en raison des retards qui sont, ainsi, occasionnés. Cette immobilisation des véhicules pendant de longues heures avec la marchandise à bord n’arrange, aucunement, les producteurs qui se trouvent à la merci des collecteurs privés qui ne s’intéressent qu’à leur propre sort et ne se soucient guère des pertes qu’ils causent aux autres.
Même si, apparemment, une solution aurait été trouvée depuis samedi dernier, le mal est fait. Qui dédommagera les agriculteurs (surtout ceux qui ont été doublement pénalisés et par les incendies et par le blocage des collecteurs et des stockeurs de céréales) ?
Le ministre de l’Agriculture avait parlé de la récupération de ces centres par l’État qui en est le propriétaire. L’idée est à creuser. Il ne serait pas, en effet, logique de laisser ces espaces entre les mains de gérants qui, sous divers prétextes et au moment le moins approprié, pourront mettre en danger les intérêts des exploitants agricoles. Le secteur des céréales est un secteur stratégique qui concerne la sécurité alimentaire de notre pays. D’où la nécessité de le prémunir contre tous les risques possibles.
La saison agricole qui s’annonce bonne ne doit pas être gâchée par de telles opérations qui s’apparentent beaucoup plus à du sabotage qu’à des revendications professionnelles. Même si on considère que ces exigences sont légitimes, il y a, toujours, d’autres moyens de se faire entendre et parvenir à des accords.
L’agriculteur paye les pots cassés
Des bras de fer à la dernière minute et des négociations sous la pression n’ont jamais constitué le meilleur moyen d’aboutir. Dans tous les cas, c’est le sens des responsabilités qui doit primer sur les intérêts égoïstes.
Une telle action devrait remettre en question la gestion de ces centres pour les années prochaines. A aucun prix, l’agriculteur ne devrait servir de monnaie d’échange entre différentes parties quelles qu’elles soient. Car le rôle du producteur est d’arriver à mener à bon terme sa campagne céréalière et d’augmenter son rendement pour assurer la quantité optimale de cette culture. Le reste dépendra, automatiquement, d’autres structures qui prendront le relais. On ne peut pas l’impliquer dans des conflits qui ne sont pas de son ressort et lui faire payer les pots cassés.
Aussi, pensons-nous, que pour les années à venir un tel désaccord n’aura plus lieu d’être. Toutes les mesures devraient être prises pour baliser la voie devant nos agriculteurs et leur garantir les meilleures conditions de réception de leurs productions.
Déjà, ils connaissent de nombreuses difficultés au niveau des différentes charges concernant l’achat des semences, des divers intrants, des équipements, de main-d’œuvre, etc. les prix pratiqués, actuellement, pour l’achat des céréales n’ont pas l’approbation des agriculteurs. Les coûts de production sont, eux aussi, en continuelle augmentation.
Pour tout dire, l’agriculteur ne se considère pas gâté. C’est pourquoi il ne comprend pas pourquoi, justement, au moment où tous les indices sont là pour prévoir une bonne moisson, qu’on cherche à lui compliquer les choses et à lui causer des ennuis dont il aurait pu se passer.